Atma-Darshan  

à l’ultime
Sri Atmananda Krishna Menon.

Préface.  d’Atma Darshan

J’étais loin de penser que ce petit livre dut avoir une préface. Mais il m’a fallu écrire ces quelques lignes sur la demande insistante de quelques amis qui ont pensé que quelque chose en guide d’introduction aiderait les aspirants spirituels à mieux comprendre le texte. Les expressions ATMA, ISHWARA et BRAHMA semblent avoir été employés dans les anciens textes à peu près comme synonymes et d’autres fois dans un sens un peu différents. Pour l’œil qui discerne, il est clair que ces expressions, comportent des nuances diverses.

TAT TWAM ASI (tu es cela)

Dans le MAHAVAKYA, « TAT TWAM ASI » (tu es cela) le sens littéral de TWAM (tu) est JIVA ou l’âme individuelle, tandis que son sens indicatif est KUTASTHA ou l’âme individuelle perçue comme séparée de ses apparents accessoires tel que le corps, l’esprit, etc.
Le sens littéral de TAT (cela) est ISHWARA ou Dieu, tandis que le sens indicatif est BRAHMAN ou l’Absolu.

En méditant sur la formule
AHAM BRAHMAN ASMI (Je suis BRAHMAN)

L’aspirant écarte le sens littéral des mots et adopte le sens indicatif. Le but de la méditation est d’arriver à ce que l’idée de petitesse qui est souvent surimposée à notre être réel c’est-à-dire KUTASTHA soit surmontée par la contemplation de l’idée que BRAHMAN est son propre soi, Et cette idée que BRAHMAN est quelque chose en dehors de soi devra être surmontée par la contemplation de l’idée que l’on est soi-même BRAHMAN, c’est l’objet si on peut le dire ainsi de l’expérience immédiate et toujours présente. Même après cet achèvement, l’idée de grandeur associé à BRAHMAN persistera. Cette idée de grandeur qui est aussi une surimposition, devra être surmontée en évitant les autres objets et en contemplant l’idée que l’on est la pure Conscience elle-même.

PRAJNANAM BRAHMA

Ce n’est qu’ainsi que l’aspirant peut espérer atteindre la réalité absolue à qui se réfère ATMA et « JE » dans ce livre. Des deux façons de penser, à savoir celle qui placerait l’individuel au-dessous de l’universel et celle qui placerait l’universel au-dessous de l’individuel, c’est cette dernière qui a été adoptée ici.
Il est de l’expérience de tous, que quand on regarde avec attention, tout ce que n’est pas nous-même, ne peut exister seulement comme objet de nous-même qui sommes le sujet. L’objet aussi est vu comme ayant un lien inséparable avec soi-même.
Il n’y a pas de formes sans vision,
il n’y a pas de son sans audition.
On se regarde comme celui qui voit ou celui qui entend et on prend ainsi la position de celui qui perçoit ces objets.
Dans la vérité, vision, audition etc. sont elles-mêmes des objets. Quand elles sont regardées comme telles, on se trouve dans la position de la pure Conscience qui est ce qui perçoit. La notion de celui qui perçoit disparaîtra aussi ici.
Chaque fois que la position prise par ce qui perçoit change, le perçu change en conséquence. Ainsi par l’analyse de l’un, la vérité concernant l’autre peut aussi être atteinte. Ce mode d’approche est par lui-même très vaste, incluant plusieurs modes particuliers comme ceux traités dans cet ouvrage, chacun d’eux est un moyen propre à révéler la réalité. Pour un regard superficiel, ces différents moyens d’approche peuvent apparaître en contradiction les uns avec les autres. Mais il n’y aura pas de contradiction si l’on regarde la question avec attention.
Le texte qui suit est ma propre traduction (en anglais) de l’original en Malayalam, écrit en vers et divisé en sections en fonction des idées. Bien sûr, la force de l’original est perdue dans la traduction.

Section 6 à 20

Chaque section de 6 à 20 traite une voie d’approche particulière.
Parmi ces sections, les sections 6 à 13 se rapportent l’une à l’autre, c’est à travers l’aspect témoin de la section 6 qu’on atteint l’aspect témoin de la section 13, après quoi, l’aspect témoin aussi sera abandonné. Même l’aspect témoin n’est qu’un moyen, car dans cet aspect, il y a surimposition. Pour atteindre la Réalité, cette surimposition devra également disparaître. Ni les grands Maîtres, ni les œuvres védantiques prétendent que les différents PRAKRIYAS ou modes d’approche, représentent la vérité absolue. D’un autre côté, selon eux, ce sont là divers moyens en vu de la même fin, notamment celui d’atteindre la réalité.
Cette voie seule grâce à la quelle un homme devient ancré dans la connaissance du vrai principe JE, est la voie qui lui est appropriée. Il n’y a pas de voie unique qui convient à tous pareillement. Voila ce que dit Sureshwaracharya, le grand disciple de Shankara.
Point n’est besoin d’essayer de concilier les différentes PRAKRIYAS entre elles.
Agir de la sorte pourrait même être un obstacle dans ce chemin de l’aspirant. Il n’y aura peut-être pas de difficulté si on peut discerner avec soin le point de vu sous-jacent à chaque PRAKRIYA. Si cela n’est pas possible, il suffit de s’en tenir fermement à la PRAKRIYA pour la quelle on se sent le plus d’attrait.

Dans le section 6, la mémoire est acceptée dans son sens commun et par ce moyen, l’aspect témoin est rendu clair.
Dans la section 19, la mémoire est établie comme étant inexistante.
Ces deux points de vue peuvent tout d’abord sembler contradictoires. La contradiction se résoudra d’elle-même quand on se souvient que ce qui est fait dans la section 6 est de considérer le principe témoin, tandis que le contenu de la section 19 est de considérer le principe de la mémoire. De la même manière, les objets sont vus à un endroit comme étant la Conscience et ailleurs comme étant des pointeurs vers la Conscience. L’explication s’appuie sur le fait dans le contexte du premier, on considère la nature des objets, tandis que dans le dernier, on considère la nature de la Conscience. Similairement, chaque fois que de telles contradictions apparentes de ce genre se présentent d’elles-mêmes, une simple réflexion révélera qu’il n’y a en réalité aucune contradiction.
La méthode d’analyse du concept du monde objectif et ainsi établissant qu’il n’est rien que Conscience, est acceptée dans cet ouvrage de la même manière que l’autre méthode qui établirait qu’en réalité, il n’y a pas de monde du tout et ainsi, nous aide à prendre fermement position dans la Conscience. C’est cette dernière méthode qui est développée aux sections 19 et 20. Les deux méthodes devront être vues à partir de leur point de vu respectif. L’aspect témoin au quel on s’est référé d’une manière générale doit être rendu plus clair. À première vue, on peut douter que le témoin de la section 6 n’est pas comme le Jiva, une entité fonctionnelle. Mais une petite réflexion montrera que le témoin n’a pas de fonction. Quand l’attention est dirigée vers la Conscience qui est le témoin, il n’est pas possible de diriger l’attention vers ce qui est témoigné. Le témoin n’est pas non plus présent dans cette conscience. Par conséquent, c’est dans la Conscience sans fonction que la pensée se dissout. C’est de cette expérience que découle l’aspect le plus haut du témoin traité dans la section 13 – II. Le sens de ce vers est que la Connaissance du témoin, contrairement à l’esprit, est inaltérée par le changement et l’effort. Le soleil brille dans sa propre splendeur. La lumière est la nature même du soleil ou son Être, ce n’est pas sa fonction. Ni qu’il n’y a une quelconque attention d’illuminer les objets. Mais les êtres vivants perçoivent les objets par la lumière du soleil. Cela leur fait surimposer au soleil la fonction d’illuminer les objets.
De la même façon, les objets et les pensées se révèlent eux-mêmes dans la Conscience.
Quand la fonction de révélateur est superposée sur la Conscience, elle devient le témoin. En réalité, la Conscience brille d’elle-même. La lumière ou la révélation est sa vraie nature, ce n’est ni une fonction ni une propriété. C’est cette vérité qui est exposée dans les versets au-dessus. Quand on atteint cet aspect supérieur du témoin, on viendra à réaliser que c’est la pure Conscience, sans la moindre nuance de témoignage.
C’est à fin de mettre en garde contre la confusion entre les différents niveaux de pensée ou de point de vu que les différentes étapes de l’illumination ont été indiqués dans la section 4. Jusqu’à ce qu’on atteigne le plus haut degré de la Conscience pure, cela ne se peut pas mais il y aura diverses  surimpositions variées sur la Réalité.
Étape après étape ces surimpositions disparaitront l’une après l’autre. La pure Conscience est simple expérience. Elle ne peut être perçue au début qu’au travers les objets.
L’invisible Rabu* est perçue par l’éclipse de la lune. De la même manière, l’Âtmâ qui est pure expérience, est perçu à travers les objets. Dans ce sens, on peut seulement percevoir l’Âtmâ, qui est pure Conscience, pas à pas, et alors, on surmonte l’idée du monde objectif.
*(ombre de la terre, classée dans l’astrologie indienne comme la planète appelée Rabu : tête de dragon),

Dans la section 7 – I, il est montré qu’Âtmâ est la Conscience du son et des autres objets. Quand l’idée des objets tombe graduellement et que l’attention est fixée de plus en plus sur la Conscience, on verra alors que c’est la Réalité qui imprègne toute chose.
Enfin de compte elle apparaîtra comme étant l’Absolu. Ici aussi, il est montré que l’expérience de la Réalité se fait par étapes. Nous entendons souvent les gens discuter de la vérité spirituelle d’un point de vue objectif et demeurer satisfait d’une connaissance théorique. C’est le résultat de poursuivre des lignes de pensées sèches et stériles. Un aspirant n’a rien à gagner d’une simple discussion qui apprécie ou déprécie les  vérités exposées dans les traités philosophiques.
L’idée des ACHARYAS était simplement que chacun devait suivre quelques lignes de pensée spirituelle qui l’aiderait à atteindre la réalisation. C’est ce que disent clairement les mots de Sri Sureshwaracharya déjà cités. Le présent ouvrage est écrit pour ces aspirants sincères qui n’étaient pas satisfaits avec une connaissance théorique et qui veulent poursuivre le chemin de la réalisation.

ATMA-DARSHAN

1. Advaita.

1. Les Jivas comme les vagues de la mer naissent, s’élèvent et retombent,
luttant les unes contre les autres et meurent.

2. Frappant contre le rivage,
les vagues reculent exténuées et usées,
cherchant le repos et la paix.
De même, les Jivas aspirent au Suprême par des chemins variés.

3. Les vagues ont leur naissance, leur vie et leur mort dans la mer elle-même,
les Jivas dans le Seigneur.

4. Les vagues ne sont que de l’eau. La mer aussi.
De même, le Jivas et le Seigneur ne sont rien d’autre que Sat, Cit et Ananda.

5. Quand les vagues réalisent que la mer est leur support commun,
toutes les luttes cessent.

6. On n’acquiert peu de ce fait, ce n’est pas le mot de la fin.
Le travail reste à accomplir afin d’écarter le sens de séparation.

7. Lorsque l’eau est réalisée, la vague et la mer disparaissent.
Ce qui apparaissait comme étant deux, est ainsi réalisé comme n’étant qu’Un.

8. L’eau peut être atteinte à partir de la vague en suivant la voie directe.
Si l’on prend la voie de la mer, beaucoup plus de temps sera nécessaire.

2. Enquête sur la cause du monde. (vide de sens)

1. Aucune question ne peut être posée sur le moment, le lieu et la cause de l’origine de ce monde, car elles font eux-même partie du monde.

2. La question tente à obtenir une explication du tout à partir de ses parties.
Cela ne peut jamais être une question logique.

3. La question de savoir qui superpose à soi-même un acteur, n’est pas non plus pertinente.
Cet acte même de superposition présuppose un acteur.
Par conséquent, cette question aussi est illogique.

3. Le mental et le pur Satva.

1. La Conscience se portant au dehors vers les objets est le mental.
Ce qui est tourné vers le Soi, est le pur Satva.

2. C’est l’opinion du Sage que le mental est l’avidya,
et le pur Satva est le vidya.
Seul le vidya est synonyme de libération.

3. La voie de l’avidya mène à l’attachement.
Aussi, le chercheur doit suivre la voie de vidya pour sa libération.

4. Pour la Paix éternelle, un effort persistant est nécessaire jusqu’à l’a l’illumination.

4. Différentes étapes de l’illumination.

1. Celui dont l’esprit est captivé par la beauté d’une forme
sculptée dans la pierre,
oublie le fait que la pierre est le support de la forme.

2. Quand il s’élève au-delà de cette fascination et regarde la forme,
il voit l’arrière-plan, la pierre, qui supporte la forme.

3. Quand il prête ainsi attention à la pierre,
elle est vue aussi dans la forme
et plus tard la forme est vue comme n’étant rien d’autre que de la pierre.

4. L’illumination de la Vérité vient aussi de cette façon.
La Conscience devient obscurcie principalement à cause de notre attraction
et de notre intérêt persistant pour les objets extérieurs.

5. Quand on dépasse cet intérêt et que l’on regarde les objets,
on peut voir qu’ils surgissent et demeurent dans la Conscience seule.

6. Quand la Conscience commence à recevoir ainsi l’attention qui lui est due,
elle vient aussi à se révéler dans les objets
et ceux-ci seront, en temps du, transformés en Conscience.

7. C’est la réalisation de soi-mêmes
et du monde entier comme une Conscience,
qui est connu comme la réalisation de la Vérité.

5. Le sommeil profond, Nirvikalpa Samadhi et l’état naturel.

1. C’est dans la Conscience que les objets apparaissent.
Donc, quand ils disparaissent ce qui reste c’est cette Conscience et non pas le néant.

2. Si cette vérité s’enracine profondément dans la pensée,
alors le sommeil profond,
en abandonnant son caractère occultant de la Réalité,
se transforme en Nirvikalpa Samadhi.

3. Quand on réalise aussi que les objets
ne sont rien d’autre que la Conscience,
on revient à notre vraie nature
qui est immuable et au-delà de tous les états,
incluant le Samadhi.

6. Le témoin de Jiva.

1. Seul ce qui a été perçu auparavant peut revenir à la mémoire.
Le «je» incarné, qui perçoit, fait ou jouit de quoi que ce soit,
apparaît aussi parfois dans la mémoire.
Il s’en suit que le «je» incarné était témoigné par un autre principe « Je »
au moment de cette perception, de cette action ou de ce plaisir.

2. C’est ce témoin «Je» là qui est le vrai principe «Je».
En fixant son attention là et en s’y établissant,
on devient libéré de l’asservissement..

7. Le «Je» en tant que lumière de la Conscience.

1. La lumière dans la perception des objets sensoriels est l’immuable Âtmâ,
le Un sans second, qui demeure pénétrant tout.

2. Pour Le voir telle qu’il est, les objets doivent être séparés de lui,
ou bien doivent être fait pour pointer vers lui.

3. Le «Je» dois être transféré du corps à l’Âtmâ.
La délivrance de l’asservissement,
la Paix et le Bonheur en découleront.

8. La pure Conscience .

L’Atma est cet immuable et unique Rasa dans lequel les pensées et les sentiments se résorbent. voir cela, le pénétrer et s’y établir en elle en tant que «Soi», enlève toutes les illusions et apporte une paix constante.

9. Le Soi.

1. On n’a pas besoin qu’on nous le dise, pour que l’on sache clairement que le «Je» ne change pas.

2. Le «Je» persiste dans tous les états.
Il est là quand il y a une pensée.
Il est là quand il n’y a pas de pensée.

3. S’il en est ainsi, quelle autre évidence est nécessaire
pour montrer qu’il ne peut pas être l’auteur ou le jouisseur
qui veut dire un changement.

4. Au moment où une chose se fait,
il n’y a ni pensée ou sentiment qu’on est en train de la faire.
Voila encore une preuve qu’on n’est pas l’auteur.

5. Prétendre avoir fait une chose après que cela soit fait,
ne peut pas en faire son auteur.

6. Le sentiment intense qu’on est ni l’auteur ni le jouisseur,
libère de tous les attachements
et de ce fait, notre nature réelle est mise en pleine lumière.

10. La fausse identification du Soi, et les moyens de s’élever au-dessus d’elle.

1. Jiva est une combinaison du corps et d’Âtmâ paraissant comme un.
Quand ils sont séparés, Jiva, en tant que tel, ne peut pas subsister plus longtemps.

2. Le corps, le Prana et toutes les modifications mentales
ne sont-ils pas des perceptions ?
La Conscience, le Soi est ce qui les perçoit.

3. Ceux qui l’ oublient, en s’identifiant avec le corps, le mental, etc.
vivent dans l’asservissement.

4. Ceux qui, par une sage discrimination,
s’élèvent au-dessus de cette fausse identification,
deviennent libérés et reposent en paix dans leur vraie nature.

5. La pensée qu’on est le corps, grossier ou subtil,
est la cause de tout asservissement.
Si la pensée est que l’on est la Conscience
et que cette pensée est forte et profonde,
on devient immédiatement libéré de tous les attachements.

6. Celui qui voit, en tant que tel, ne peut jamais être ce qui est vu,
et le vu, en tant que tel, ne peut jamais être celui qui voit.
Si cette vérité pénètre profondément dans son cœur,
la fausse identification avec le corps  cesse.

7. On peut voir dans les activités de la vie,
que les caractéristiques de l’un sont souvent superposées sur l’autre.
Une attention particulière doit être prise pour l’éviter.

8. Quand la réalité est attribuée aux choses dans le monde objectif,
alors souvenez-vous que vous êtes un être incarné,
en d’autres termes, qu’il y a identification de Soi avec le corps.

9. Gardez sans cesse présent à l’esprit
que de tels changements comme la naissance, la croissance, 
le déclin et la destruction sont les caractéristiques de la matière,
un objet de la Conscience.

10. Il doit être clairement compris que la Conscience
est différente de son objet
et que pendant que les objets varient,
la Conscience demeure constante.

11. La Conscience est la lumière d’Âtmâ,
alors que les objets sont directement liés avec le corps.
Lorsque la connexion avec le corps est rompue,
la connexion avec les objets extérieurs est rompue aussi.

12. D’un strict point de vue,
il ne peut y avoir de connexion entre Âtmâ et le corps.
Comment peut-Il y avoir une connexion entre des choses de nature complètement différentes dans leur nature et dans leur structure ?

13. Âtmâ est la seule Réalité.
Le corps est tout à fait irréel.
De ce fait également, il découle qu’il ne peut y avoir une quelconque connexion entre eux.

14. Il est clair alors que leur connexion n’est que fantaisie.
Elle disparait quand la Vérité est connue et maintenue vivante.

15. Le désir de ne pas mourir
a sa racine profonde dans l’Âtmâ qui est immortel.

16. Si ce désir devient lié à ce qui est objectif,
c’est une surimposition des caractéristiques d’Âtmâ sur le non-Âtmâ.  
Comment les objets qui par définition sont limités dans le temps,
peuvent être fait pour transcender le temps ?

17. Âtmâ est le Bonheur même.
C’est pour cette raison que dans tous les êtres

il y a ce désir de bonheur.
Quand on suppose qu’il vient des objets,
il y a surimposition des caractéristiques de l’un sur l’autre.

18. Le désir de liberté a aussi ses racines dans Âtmâ
qui est la seule existence inconditionnelle.

19. Attraction, répulsion, peur, souffrance, inquiétude,
dépendances, mensonges, paresse, passivité
et tout ce qui est similaire,
surgissent de la connexion avec le corps.

20. Constance, amour, bonheur, paix, courage,
sens de la liberté, sincérité, sens de l’existence, vigilance, connaissance;
cela appartient au royaume d’Âtmâ.

21. Tout ce qui accentue la personnalité
doit être compris comme ayant son origine
dans l’identification avec le corps.

22. Ce qui nous aide à nous épanouir au-delà des limites du corps,
doit être vu comme émanant d’Âtmâ.
Les caractéristiques doivent être distinguées de cette manière
et vues dans leurs domaines respectifs.

23. Si cela est fait ici et maintenant,
cela bloque le chemin de la superposition
des caractéristiques de l’un sur l’autre.

24. Si toutes les possibilités de superposition sont ainsi éliminées,
nous parvenons à notre état naturel
dans lequel il est réalisé que la totalité du monde objectif
est aussi rien d’autre que la Conscience.

25. Cette dernière vérité peut aussi être réalisée
par une analyse stricte du monde objectif lui-même.

26. Les objets de la Conscience
ne peuvent jamais être séparés de la Conscience elle-même.
Ils n’ont pas d’existence indépendante.
Ils sont par conséquent rien d’autre que la Conscience.

27. Approcher la Vérité de cette façon,
éliminera également l’erreur de l’identification de la Conscience
avec le corps, et toute illusion.
On sera alors établi dans l’Âtmâ, l’Une et unique Réalité.

11. La Réalité telle qu’elle est.

1. Des mots tels qu’immuable et sans forme,
ne peuvent pas, même par leur connotation négative,
montrer la Réalité telle qu’elle est.

2. La déclaration que l’homme n’est pas une bête,
est certainement vraie,
mais montre-t-elle pour cela une quelconque de ses véritables caractéristiques ?

3. Il est impossible de montrer la Réalité telle qu’elle est.
Les mots sont, dans le meilleur des cas, de simples pointeurs.

4. Si méconnaissant ce fait,
on réfléchie sur ce que signifient littéralement les mots,
notre expérience de la Réalité sera sera entachée d’autant.

5. Si on prend simplement les mots comme une aide
pour s’élever au-dessus de toutes pensées, c’est parfaitement dans l’ordre.

6. Si la Réalité est conçue comme étant au-delà du domaine de la pensée
et que la contemplation est dirigée en conséquence,
les mots peuvent aider à se diriger vers un niveau
où toutes les pensées cessent et où la Réalité est expérimentée.

7. Un doute peut surgir sur la possibilité de contempler quelque chose
qui est au-delà de toutes les pensées.
C’est possible. La difficulté n’est qu’apparente.

8. Il est vrai que seul un objet de la perception peut être contemplé directement.
Le «Je» est toujours le «percepteur» et n’est jamais un objet de la perception.

9. Comme il n’est pas un objet de la perception,
la contemplation directe du «Je » est hors de question.
Néanmoins, comme il est expérimenté comme notre être,
il est possible de le contempler indirectement.

10. Ne peut-Il pas être contemplé comme ce qui subsiste
après l’élimination de tout ce qui est objectif du «je» apparent ?

11. Cette pensée contemplative elle-même
parviendra automatiquement à un arrêt
et dans ce calme resplendira notre Véritable nature.

12. Ce qui est au-delà de toutes les pensées
peut aussi être contemplé indirectement par d’autres voies,
elles aussi nous mèneront à notre Véritable nature.

13. Gardez toujours à l’esprit que des mots tels que Conscience ou Connaissance, Être ou Bonheur, pointent tous vers le « Je ».

14. Tenez-vous à une pensée pour dissiper les autres pensées.
Laissez cette pensée être tel un pointeur vers son être.

15. Pensez à son être comme étant ce dans lequel
toutes les pensées se résorbent,
alors la pensée saisie abandonne sa forme et fusionne dans l’être.

16. Juste comme nous utilisons le mot Connaissance
pour indiquer aussi la fonction de connaître,
nous utilisons aussi le mot Bonheur
pour indiquer la fonction de se réjouir.

17. Il est de l’expérience de chacun que la Connaissance et le Bonheur n’arrivent uniquement que quand les fonctions respectives
de connaître et de se réjouir cessent.

18. Ainsi, la Connaissance et le Bonheur sont notre propre Être.
Avec cette conviction, si la pensée est dirigée vers l’un d’eux,
cette pensée aussi abandonne sa forme et se résorbe.

19. La fusionne sera jamais dans le sommeil profond,
mais dans notre propre Être.
Tous les nœuds du cœur seront tranchés par ce moyen.

12. L’expérience.

1. Dans son expérience, strictement dite,
il n’y a ni pensée ni objet extérieur présent.
C’est l’état dans lequel on demeure entièrement seul en soi.

2. Les objets de la perception étant cru être la cause de l’expérience,
tente l’ignorant.

3. A y regarder strictement, on peut voir
qu’il n’y a rien comme la cause et l’effet.
Même s’ils sont concédés, l’effet n’existerait jamais
indépendamment de la cause.
Il est admis partout que la cause sera vue dans l’effet.

4. Mais pas une telle cause apparaît dans son expérience.
Il s’en suit alors que l’expérience n’a pas de cause.

5. Si elle n’a pas de cause, pourquoi cet chasse aux objets ?
Tout ce qui est nécessaire, c’est de seulement  la fusion des pensées.

6. Toujours contempler la nature même de l’expérience,
fera survenir cette fusion.

7. La pensée intense que nous ne sommes ni le faiseur ni jouisseur,
apportera aussi le même résultat.

8. Si l’on peut voir que la pensée, en tant que telle,
est en réalité inexistante
et qu’elle n’est rien d’autre que la Conscience,
ceci est la meilleure moyen.

13. Le Témoin des Pensées.

1. Une analyse correcte montrera
que c’est l’esprit s’attribuant la forme d’un objet
qui est communément appelé, l’illumination de l’objet.
(Sa perception ou sa connaissance)

2. L’Âtmâ est la Conscience immuable
qui sans effort ou sans changement en elle-même,
perçoit de telles modifications du mental.

3. Une simple réflexion montrera
que c’est le principe signifié par le mot « Je ».

4. Demeurant là, on ne voit rien d’autre,
il n’y a pas de corps, de mental, de monde où d’organe des sens.

5. Rien ne vient à l’existence,
rien n’est ici, pas même une pensée
que quoi que ce soit existait avant ou existe maintenant.
La Conscience non agissante jouit constamment d’elle-même.

14. Le Monde et la Conscience.

1. L’eau par contact avec le temps et l’espace,
lesquels sont entièrement distincts et différents d’elle,
peut produire une vague.
Il n’existe pas de possibilité qu’un monde soit formé de cette manière.

2. Rien n’existe indépendamment de la Conscience.
Comment alors est-il possible
pour quelque chose de différent et d’indépendant
de venir en contact avec la Conscience pour former un monde ?

3. L’eau, par elle-même, ne peut jamais former une vague.
Tout comme la Conscience, par elle-même,
ne peut jamais former un monde.

4. Par conséquent, le monde n’est pas,
n’a jamais été et ne sera jamais.

5. Ce qui existe réellement est la Conscience seule.
La Conscience est le Bonheur lui-même.
L’Âtmâ signifié par le mot « Je » est aussi Cela.

15. Rien ne change.

1. Il est clair qu’une chose ne peut jamais se changer en une autre
sans la destruction de sa swarupa.
(Swarupa ; la forme essentielle, l’immuable identité d’une chose)

2. Si sa swarupa est détruite, la chose peut-elle subsister ?
A moins qu’elle continue d’être,
comment peut-on dire qu’elle a changé en une autre chose,
puisqu’elle son identité est perdu
et qu’il n’y a rien pour la connecter avec la nouvelle chose ?

3. Ainsi, une chose ne peut jamais subir de changement.
Il n’y a ni naissance, ni mort.
Ne sont-elles pas toutes les deux des changements ?

4. Celui qui, de semblable manière,
par une investigation approfondie de la nature des choses,
découvre cette vérité et demeure en elle,
est la grande Âme qui a atteint son objectif,
connait la seule chose qui est à connaître
et demeure à jamais satisfait.

16. Le Jnani.

1. Je suis cette Conscience qui demeure
après la suppression de tout ce qui est objectif de moi.

2. Je n’ai pas de corps, d’énergie vitale (Prana),
de perceptions, de pensées et de désirs.
Je suis au-dessus de l’attraction et de la répulsion,
du plaisir et de la douleur,
de la peur et de l’illusion.

3. Je suis la Conscience pure.
Réalisant que tout objet, où qu’il soit m’affirme.
Je jouis de Moi-même, partout et en toute chose.

17. Le Vrai Je.

1. Dans l’état de sommeil profond
et chaque fois qu’désir est comblé,
Je brille seul en tant qu’inaltérable Paix et Bonheur.
Je suis le principe le plus profond
qui est : SAT CHIT ANANDA,
je suis cela qui transcende tout.

2. Juste avant et juste après chaque pensée et sentiment,
Je resplendit par moi-même dans Ma propre gloire.
C’est en Moi que les pensées
et les sentiments surgissent et s’évanouissent.
Je suis leur Témoin immuable.

3. Je suis la lumière de la Conscience
dans toutes les pensées et les perceptions,
et la lumière de l’Amour dans tous les sentiments.
Je n’ai ni naissance ni mort, ni peine ni illusion,
Je transcende l’asservissement et la libération.

4. Le monde qui surgit et se développe par la pensée
est aussi la pensée elle-même.
La pensée n’est rien d’autre que la Conscience
et la Conscience est mon Être.
Par conséquent, le monde entier est la Conscience,
qui est Moi-même.
Je suis parfait et indivisible.

5. Je n’ai pas de possédant, d’attachement ou d’égoïsme.
Je suis éternel, non-agissant,
toute pureté,
ne dépendant que de moi,
et lumineux par moi-même.
Sans attribut,
immuable et inconditionné,
Je suis la demeure de l’Amour, l’immaculé,
Je suis l’Un sans second
et sans cesse en paix.

18. Les Pensées et les Objets.

1. L’attribution d’une Réalité aux choses
qui surgissent dans les pensées
est la cause de tout asservissement.

2. La forme peut exister uniquement comme l’objet de la vision
et jamais indépendamment d’elle.
Cette règle s’applique de la même manière à tous les objets des sens.

3. Les objets ont par eux-mêmes aucune connexion l’un avec l’autre,
leur connexion est toujours avec la pensée seule.

4. Un objet ne peut pas exister, même pour un instant,
sans être connu par la pensée.
Quand la pensée change, l’objet change également.

5. Ainsi, ils sont inséparables et par conséquent Un.
La vérité est qu’une chose est maintenue divisée par de simples mots.

6. Par conséquent, même de soutenir
qu’une chose surgit dans la pensée
est une pure illusion.
Il n’y a que la pensée
et le contenu de la pensée est la Conscience.

7. Si cette vérité est maintenue toujours vivante,
la pensée s’évanouira bientôt
et la Conscience régnera.
Alors vient la libération de tout asservissement.

19. Les deux aspects de la Conscience.

1. Samvit (La Conscience) à deux aspects,
conditionné et inconditionné.
C’est le premier qui illumine les objets de la Conscience.
L’autre est la pure Conscience .

2. Les objets des sens comme le son, le toucher, l’odeur, etc.,
sont de simples formes de pensée.
Par conséquent, à parler correctement,
les pensées seules sont les objets de la Conscience.

3. Celui qui par une analyse minutieuse et discriminatoire
est incapable d’atteindre l’aspect inconditionné,
peut fort bien demeurer dans le conditionné.
Il atteindra l’inconditionné en temps du,
si l’aspect conditionné ne le satisfait plus.

4. Observant avec attention, on peut voir chaque pensée
surgir et disparaitre dans la pure Conscience, seule.

5. Ce qui n’est pas la Conscience est toute forme de pensé.
La pure Conscience ne peut jamais s’en porter témoin.

6. Ce n’est pas un argument de dire que la mémoire
(elle-même une forme de pensée), demeure inchangée
regardant toutes les pensées qui se suivent.

7. C’est une expérience commune
que quand il y a d’autres pensées, la mémoire n’est pas là avec elles.
Alors, comment la mémoire peut-elle appeler des pensées passées ?

8. Si la mémoire ne peut pas le faire,
ce n’est pas du tout la mémoire.
La mémoire est par conséquent un mot dénué de sens.

9. Cela ne se peut mais il est admis de dire
que c’est toujours la mémoire qui appelle les pensées passées.

10. Si la mémoire est inexistante,
il s’ensuit que les autres pensées sont aussi inexistantes,
n’ayant pas de témoin pour prouver leur existence.

11. Par conséquent, il peut être clairement compris
que ce qui est apparu être conditionné 
est aussi la pure Conscience inconditionnée.

20. Le Voyant et le Vu.

1. Si l’on regarde à travers l’organe grossier, l’œil,
seules des formes grossières apparaissent.
La même relation existe entre les autres organes grossiers et leurs objets.

2. Quittant les organes physiques,
si on regarde à travers l’organe subtil appelé le mental,
des formes subtiles apparaissent.

3. En regardant à travers la pure Conscience , sans attribut,
on voit la Conscience seule et rien d’autre.

4. Cette expérience prouve que le monde objectif
apparaîtra toujours en parfait accord
avec la position prise par le sujet.

5. Par conséquent, ce n’est pas le monde objectif
qui présente des obstacles à notre progrès spirituel,
mais la mauvaise position que l’on a prise.

6. Si ceci est abandonné, l’illumination spirituelle suit.
Pour abandonner cette position,
du courage, une attention aiguisée,
et la dévotion du cœur sont absolument nécessaires.

7. Un examen critique du monde objectif
produira également le même résultat.

8. En arriver à la conclusion que ce monde d’apparence solide,
n’est qu’une simple pensée, ne résout pas totalement le problème.
Cela ne peut pas donner une entière satisfaction
puisque le monde-mental subsiste.

9. L’examen ne donne pas satisfaction
car il était conduit du niveau de la buddhi (l’intellect),
lequel était resté inexpliqué.

10. La buddhi est aussi quelque chose de perçu.
N’est-ce pas le Soi (la Conscience), le vrai percevant ? 
Pour examiner les pensées,
on doit prendre position dans la Conscience qui perçoit.

11. Quand il est  vu que le contenu des pensées
n’est rien d’autre que la Conscience,
la pensée disparait et la Conscience demeure.

12. Quand par erreur, la Conscience est supposée ,
être conditionnée par le temps,
elle apparaît comme la pensée.
En réalité, elle n’est pas conditionnée ainsi.

13. Le temps n’est-il pas lui-même une pensée ?
Comment alors, peut-on attribuer l’apparition d’une pensée
au conditionnement de la conscience par le temps ?

14. Par conséquent, strictement parlant,
il n’y a pas de pensée.
Il n’y a seulement la Conscience.
L’idée du temps est une simple surimposition par illusion.

15. Seul celui qui maintient complétement
la position du témoin désintéressé
et examine les choses calmement,
avec un regard critique et sans défaillance,
peut réaliser cette Vérité absolue.

16. Dans l’état de veille, on se rend compte
que les objets du rêve étaient irréels.

17. Si l’homme vu en rêve était irréel,
alors son mental doit être aussi également irréel.

18. Ses pensées, ses visions, ses sons, etc.,
seront aussi irréels.

19. De la même façon, le sujet dans l’état de rêve,
qui est aussi un produit du rêve,
ne peut-être qu’irréel.

20. Le corps de l’état de rêve
est différent du corps de l’état de veille.
Quand le premier est totalement actif,
le dernier git dans un état passif.

21. Les pensées et les perceptions du sujet dans le rêve
ne peuvent pas être non-plus les pensées
et les perceptions du sujet éveillé.

22. Les pensées et les perceptions du premier sont irréelles,
étant les produits du rêve.

23. La question alors se pose :
Qui a eu le rêve ?
A cela, la réponse correcte est que
personne ne l’a eu
et qu’il n’y a jamais eu d’état de rêve.

24. Le monde de l’état de veille aussi,
s’il est examiné de la même manière,
sera trouvé comme inexistant.
Alors on regagne sa vraie nature
et on devient établi en permanence
comme pure Conscience .

ATMA-NIRVITI